Premier roman de l’auteur Juan Corpega (pseudonyme), Une Siamoiserie pour trois est aussi le second roman publié en 2014 dans la collection Gymnopédies chez Elya Editions.
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Pour donner le ton nous vous proposons cet Extrait (dernier paragraphe du chapitre 1 – pages 25 à 26) :
–– Vous savez, même à moi les choses me paraissent emmêlées… Cette histoire de pygmée, rendez-vous compte, au saut du lit ça m’est resté dans le crâne. On ne devrait pas avoir à raconter ses rêves à des inconnus… Doc, je suis désolé.
Le toubib me regarde drôlement à travers sa loupe. Il n’est que généraliste mais peut-être que sa vocation c’était de devenir psy.
–– Ouvrez grand la bouche, il me dit.
–– Vous voyez, ma vie n’a peut-être rien de palpitant mais ça m’empêche pas d’avoir des trucs bien à dire. La preuve c’est que vous m’écoutez.
–– Tirez la langue je vous prie.
–– Oui. En tout cas ce matin j’ai ressenti le besoin de me confier. Benson a ce comportement tellement biscornu parfois… ça me taraude… « Ça me taraude », vous voyez ? D’habitude j’emploierais jamais ce mot ! J’en cauchemarde je vous dis. À ma place vous feriez quoi ?
Il réajuste sa binoculaire puis règle la netteté, il essaye de voir plus profond.
–– Votre palais est tout infecté. Il n’y a aucun traitement pour ça.
–– Qu’est-ce que vous me racontez ? Les toubibs vous êtes tous les mêmes, on vient vous voir pour parler dans l’intimité et vous nous trouvez des cancers…
–– Pas un cancer monsieur mais… Non mais attendez, faites « Ha » je vous prie, je crois que je viens de trouver quelque chose.
J’ai son espèce de bâton de glace qui pousse au fond de mon gosier. À ce moment je ne peux plus parler.
–– Il y a quelque chose de sombre dans votre bouche, il me dit. Je vais procéder à une ablation. Je le regarde avec circonspection, le mieux qu’on puisse faire avec la bouche ouverte.
Il s’active et je me rends compte qu’il a bien du mal à faire son métier, il titille et il racle, il insiste et me dit que ça colle.
–– Voilà ! il fait en agitant la chose sombre sous mon nez. C’est délirant mais vous aviez un Carambar enroulé sur la glotte… Sans blague !